Les critiques à l'encontre du Shtandart varient au fil du temps.
Il nous était d'abord reproché que le drapeau Russe, qui était le pavillon du navire jusqu'en été 2024, était offensant ; nous l'avons changé. Désormais, le drapeau n'importe plus, ce qui compte c'est que le voilier soit un « instrument de la propagande Russe ».
Demain, il faudra changer le nom du navire. Lorsque ce sera fait, il faudra qu'il n'y ait plus un seul passager russe à bord. Il faudra peut-être ensuite le repeindre en mauve…
Je ne crois plus en leurs critiques, je crois en leur haine insatiable.
Il peut être néanmoins utile de répondre patiemment à tous les reproches qui ont étés fait au navire.
La plupart des citations qui vont suivre sont extraites du blog de M. Croâ. Je refuse de faire pointer des liens vers ce blog mais vous pourrez les retrouver en utilisant un moteur de recherche.
Je les ai classées en fonction de la catégorie médicale dont elles me semblent relever.
Rappelons que la loi obligent tous les navires à arborer le pavillon du pays sous lequel ils sont immatriculés. Le Shtandart ayant été construit à Saint-Pétersbourg c'est là qu'il a été initialement immatriculé.
Les drapeaux représentent des choses différentes pour différentes personnes. Pour certains, ils représentent l'attachement à leurs origines ; pour d'autres, le soutien à un régime.
Pour les jeunes qui ont construit le navire dans l'enthousiasme des années 90 il représentait le renouveau d'une Russie désormais ouverte sur l'Occident…
Pourquoi ne pas avoir changé de pavillon dès le déclenchement de l'invasion en 2022 ?
Après l'invasion, le Shtandart, voulant afficher son internationalisme, avait hissé les pavillons de toutes les nationalités représentées dans l'équipage. Ça tombait bien car il y avait plusieurs membres Ukrainien(ne)s. Pour nous, tous ces drapeaux côtes à côtes représentaient la paix.
Notre petit groupe de détracteurs nous ont beaucoup reproché cela, allant même jusqu'à monter un expédition à bord pour tenter de décrocher ce drapeau :
Ce reproche était assez difficile à comprendre.
Pas un visiteur ne s'est jamais montré choqué par la présence du drapeau russe sur une réplique de navire russe. Pas un n'a jamais pris ça pour une marque de soutien au régime.
Pas un visiteur ne s'est jamais montré choqué par la présence du drapeau ukrainien proche du drapeau russe. Les organisateurs de festivals non plus, qui ont parfois demandé explicitement que le drapeau ukrainien soit hissé sur le navire, ce que nous avons toujours été heureux de faire.
M. Croâ, comme toujours, parle au nom "des ukrainiens" et "des français" mais ne représente vraiment qu'une petite minorité.
Ceci étant dit, cette minorité existe. La présence du drapeau ukrainien à côté du drapeau russe sur un navire russe évoque pour eux le paternalisme du « grand frère russe » qui prétend aider l'Ukraine en la pillant, reproduisant le schéma historique contre lequel ils sont aujourd'hui en guerre.
Les drapeaux sont des symboles à géométrie variable et ils sont d'une manipulation dangereuse.
Rétrospectivement, peut-être aurait-il fallu être plus prudent et changer l'immatriculation plus tôt pour se sortir de cette guerre au plus vite ?
La raison d'être du projet Shtandart n'est pas de prendre parti dans un conflit militaire, mais au contraire de promouvoir la culture, le dialogue et la paix.
Si les personnes offensés étaient venues discuter avec nous (comme elles l'ont finalement fait en 2024 à Brest à notre initiative) plutôt que pour monter à l'assaut du navire pour arracher le drapeau à l'initiative de M. Croâ, nous aurions sans doute pu nous entendre.
M. Croâ, comme on l'a vu, accorde beaucoup d'importance à la symbolique des drapeaux. Or, sur les comptes rendus des manifestations qu'il a organisées il y a une dizaine d'années contre les frégates Mistral, ce monsieur est souvent visible en compagnie du drapeau rouge et noir du red-sector.Peut-il, à son tour, nous éclairer à ce sujet ?
La navire de 1703, dont le Shtandart actuel est une réplique, était effectivement une frégate, donc un navire de guerre.
Le Shtandart actuel est un vieux gréement, un voilier école qui tente de faire découvrir la navigation traditionnelle, le patrimoine maritime, la solidarité et l'initiative en mer.
Lorsque des centaines de jeunes se sont lancé dans sa construction dans les années 90 à Saint-Pétersbourg, ils avaient les mêmes motivations que les jeunes français qui se sont lancés dans la construction de la réplique de l'Hermione : ils voulaient redécouvrir un savoir disparu et se plonger dans une aventure humaine faite de rencontres et d'amitiés.
En outre, dans le contexte politique en Russie à l'époque, ce navire représentait également l'ouverture vers l'Europe.
Voici ce qu'on retient généralement à bord de la construction de la frégate originale de 1703 :
la Russie était à la traine par rapport aux progrès techniques et culturels qui avaient lieu en Europe et désirait, par la fabrication d'une flotte moderne (pour l'époque), se rapprocher de la culture européenne. Dans Pierre le Grand, ce que est célébré ce n'est pas une ambition impérialiste ou guerrière, mais sa culture personnelle (il aurait participé à la conception des plans) et son intérêt pour le progrès économique et social.
N'étant pas historien j'ignore si cette réputation est justifiée, mais ce n'est pas la question.
Quoi qu'on dise, de toute façon, pour la majorité des visiteurs le Shtandart n'est pas une frégate militaire ni un instrument de propagande russe. C'est… un "bateau pirate" !
L'équipage du Shtandart est international. Il n'y a aucune sélection ni ségrégation basée sur l'origine. Je n'ai jamais eu connaissance de conflits liés à l'origine géographique de l'équipage, avant ou après la guerre.
Depuis qu'il navigue le Shtandart a eu de nombreux stagiaires et officiers Ukrainiens. S'il y en a moins désormais ce n'est pas parce que le navire a été fabriqué en Russie mais à cause de l'interdiction pour les Ukrainiens de quitter leur pays.
Le Shtandart, comme d'autres vieux gréements, accueille régulièrement des personnes traversant des situations difficiles. L'appellation de "navire de réfugiés" n'est pas usurpée, tout comme n'est pas usurpé l'appellation de "navire de la paix".
M. Croâ, qui aime parler au nom de tous les Ukrainiens, ne tolère pas que des Ukrainiens soutiennent ce navire. Le plus insupportable dans toute cette campagne de calomnies, c'est la haine qu'il dirige contre eux.
Le but de ce site n'est pas de traiter de géopolitique, mais ne soyons pas naïf : l'Ukraine est située sur la faille qui sépare deux blocs d'influence. Malgré cela, la grande majorité de la population, là bas comme partout, n'aspire qu'à vivre en paix.
Lorsque M. Croâ suggère que les membres d'équipage ukrainiennes trahissent leur pays, qu'elles ne sont pas de vrais ukrainiennes mais de simples "ukrainiennes" entre guillemets et qu'il les menace de représailles à demi-mot, lorsqu'il fait la chasse aux "collabos" sur Facebook, il rappelle non seulement le revanchisme minable qui a fait la honte de l'après guerre en France mais aussi les nettoyages ethniques qui ont salis l'histoire moderne.
Devant la gravité des conséquences possibles de ses propos, M. Croâ voudrait-il bien les clarifier ou les modérer ? Ou bien accepte-t-il de porter la responsabilité des dommages physiques qui pourraient survenir au navire ou à son équipage si un illuminé venait à passer à l'acte, encouragé par les nombreux appels à la violence à peine déguisés que lui et ses amis diffusent sur Facebook ?
Et puisque nous avons été clairs avec la composition de l'équipage du Shtandart, M. Croâ voudra-t-il bien, lui aussi, dévoiler la composition de sa petite équipe de pousses-au-crime ?
Parmi les accusations de ne pas respecter la loi, un chapitre spécial doit être consacré à l'AIS.
L'AIS est un système de sécurité utilisé dans la marine, similaire aux transpondeurs que l'on trouve dans les avions. Le système transmet la position, le cap, la vitesse et autres informations de ce genre par la radio VHF à destination des navires des environs pour aider à l'évitement des collisions.
M. Croâ est obnubilé par l'AIS, non pas que l'AIS ait une grande importance en soit, mais ça semble être son unique source d'information sur le navire. Pour lui, c'est donc vital.
C'est aussi pourquoi, sans lui demander la permission, nous coupons parfois notre émetteur AIS.
Non pas pour contourner les sanctions ou échapper à la marine française (qui dispose on l'espère de moyens de détection plus sophistiqués), mais pour échapper… aux menaces et autres flash-mobs de M. Croâ !
Les connaissances maritimes de M. Croâ reposent tellement sur marinetraffic qu'il parait utile de lui en rappeler le fonctionnement.
Marinetraffic est un simple site web commercial qui reproduit les données AIS relayées publiquement sur internet par certaines stations côtières.
En conséquence, les données AIS des navires sans connexion satellite disparaissent de marinetraffic dès que l'émetteur s'éloigne des côtes à plus de quelques miles (de 5 à quelque dizaines de miles en fonction des modèles d'émetteur).
Marinetraffic n'est pas une référence qui fait foi.
L'AIS n'est pas obligatoire pour le Shtandart qui est un navire école déplaçant seulement 130 tonneaux.
Cela ne représente d'ailleurs pas un grand danger, sachant que la réception fonctionne toujours ; on continue donc, depuis le navire, à voir les cargos et autres trafics dangereux. D'ailleurs de très nombreux voiliers naviguent avec un récepteur AIS mais se passent totalement d'émetteur.
D'autre part, ceux qui ont navigué à bord du Shtandart savent que la veille y est prise au sérieux : il y a toujours plusieurs personnes en veille sur le pont, à toute heure et par tous les temps.
Stopper l'AIS ne met donc personne en danger.
Depuis le dernier amendement des sanctions européennes, M. Croâ est devenu un peu paresseux et se contente souvent de claironner qu'il faut interdire le Shtandart parce que… il est interdit.
Les sanctions sont déficientes, c'est pourquoi nous voulons les amender (à notre tour). D'ailleurs, vous pouvez nous y aider en signant notre pétition.
Mais on trouve d'autres critiques au rayon juridique de nos détracteurs :
Le Shtandart n'est pas retourné en Russie depuis 2009.
Outre le peu de confiance que l'équipage a toujours eu envers le régime Russe, il n'y était de toute façon pas autorisé jusqu'en 2021, date à laquelle le nécessaire à été fait pour clarifier sa situation règlementaire.
Malgré tout l'équipage n'a jamais osé ramener le Shtandart en Russie, craignant toujours qu'il se fasse immobiliser sous un prétexte quelconque.
Le Shtandart a bien changé d'immatriculation pour être désormais enregistré aux îles Cooks. M. Croâ voit un "faux pavillon" sur marinetraffic qu'il utilise à mauvais escient, et mal.
L'information sur marinetraffic est tout à fait à jour à condition de chercher le nouveau numéro d'immatriculation MMSI (518999255) plutôt que l'ancien !
Attention, de nombreux navires portent le nom "Shtandart", ce qui explique en parti la confusion de M. Croâ. Il faut désormais rechercher "TS Shtandart".
C'est vrai, et la même interdiction s'est renouvelée plusieurs fois.
Mais le risque de troubles ne provenait pas du Shtandart, qui en plus de 20 ans a fréquenté plus de 200 festivals sans causer d'autres troubles que l'admiration dans les yeux des enfants. Ils provenaient des risques de manifestations et de violences provoquées par M. Croâ lui-même.
Au sujet du festival de Brest 2024 :
Une fois rejeté le recours administratif pour tenter de casser l'arrêté de la préfecture du Finistère, le Shtandart n'avait plus aucune intention de pénétrer dans la rade de Brest.
Les autorités le savaient parfaitement, qui tous les jours montaient à bord pour s'enquérir de nos intentions (et visiter le navire), en se demandant souvent, comme nous, si elles n'avaient pas des choses plus sérieuses à faire…
Si les passagers sont des otages ils sont les otages des manipulations de M. Croâ qui rendent les embarquements et débarquements plus compliqués voir impossibles et la vie à bord plus difficile.
Il est régulièrement reproché aux Shtandart d'afficher une dissidence "de façade". La preuve ? Nous ne sommes pas tous en prison.
Prenons un peu de recul…
Il n'est pas simple, même en temps de paix, de faire vivre ensemble un équipage dans des conditions difficiles et une grande promiscuité. Surtout un équipage composé de personnes provenant de divers milieux, divers pays et diverses cultures. C'est pourtant ce qu'arrive à faire le Shtandart, dont la vocation est de naviguer partout en Europe avec un équipage international.
Le secret de la réussite ? Quatre repas par jour et l'obligation de mettre de côté tous les sujets qui divisent.
C'est pourquoi, avant la guerre, il était de règle de ne jamais discuter politique à bord.
Il n'est pas difficile de discerner que les russes qui ont construit le navire dans l'enthousiasme des années 90 sont fiers de leur navire et fiers de montrer un aspect de la culture et de l'histoire russes qui la rapproche de l'Europe.
En découle-t-il pour autant que le navire est un instrument d'embrigadement ou d'influence ? Non.
Les critiques et la moquerie envers le régime ont toujours été fréquents à bord. Pour ne citer qu'un exemple, la cérémonie matinale du levé des couleurs (couleurs de la fédération de Russie, à l'époque) se faisait au son de l'hymne… d'un dessin animé pour enfants des années 80 ! (la plupart des stagiaires n'ayant pas la référence, la musique officielle est désormais celle de Pirates des Caraïbes)
Par ailleurs, le Shtandart a quitté la Russie en 2009 et n'y est pas retourné depuis.
A t-il fui à cause de problèmes administratifs qui menaçaient de l'immobiliser, comme le prétend M. Croâ ? Ou bien a t-il fui le à cause d'un désaccord politique portant sur l'utilisation du navire, comme le prétend le capitaine ?
On imagine aisément comment un désaccord politique peut se traduire par des attaques administratives, ces deux explications ne sont donc pas incompatibles.
Lorsque la guerre a éclatée la politique s'est invitée à bord :
Ça ne fait pas de nous des héros mais ça devrait suffire à prouver à quiconque de bonne foi que l'équipage est opposé à cette guerre.
On nous rétorque que « les vrais opposants à Poutine sont en prison ».
Mais la vocation du Shtandart n'est pas, n'a jamais été et je l'espère ne sera jamais de devenir un instrument de géopolitique. La vocation du Shtandart est de promouvoir la culture, la coopération, l'initiative… Autant de qualités qui font si cruellement défaut aujourd'hui !
Il est facile de reprocher aux Russes de ne pas prendre suffisamment de risques. Je ne sais pas ce que vous feriez à leur place, mais je sais qu'en France, pendant la seconde guerre mondiale, moins de 2% des français ont joué un rôle significatif dans la résistance. Je sais aussi que les seuls humains qui portent le passeport d'un pays qui n'a jamais commis aucune atrocité sont des apatrides. Et je sais finalement que les donneurs de leçon sont rarement les plus courageux lorsque la situation l'exige.
En octobre 2021 le Shtandart a bien effectué une mission de transport pour la société russe de géographie.
Ce contrat visait à rechercher des épaves de navires en mer Égée, et a été obtenu grâce aux liens qui relient cette organisation non gouvernementale à un officier du Shtandart, également professeur de géographie et membre de cette organisation.
Ceux qui savaient, en 2021, que la guerre allait éclater un an plus tard ne nous avaient pas averti…
Et comme tous ceux qui ont payé un stage le savent, la banque sur laquelle sont virés les cotisations se trouve en réalité en Allemagne (depuis de nombreuses années).
D'ailleurs, vous pouvez le vérifier en faisant un don (oui, via paypal ¯\_(ツ)_/¯).
Encore une belle inversion de la réalité.
M. Croâ, qui accuse de corruption non seulement les membres de l'équipage mais aussi les quelques personnes qui ont encore le courage de soutenir le navire, qui menace et diffame en toute impunité journalistes, élus et préfets, qui parvient on ne sait comment à obtenir du parlement européen l'ajout d'un amendement spécial anti-Shtandart, se présente comme un simple justicier solitaire ; tandis que le Shtandart, qui est martyrisé depuis deux ans, qui est à bout de souffle, qui doit souvent être ravitaillé en eau et en nourriture par la bonne volonté des habitants qui ne sont pas encore aveuglés par la haine, le Shtandart, lui, serait la tête de pont d'un puissant réseau d'influence…
Ce serait à mourir de rire si la finalité de tous ces mensonges n'était pas d'attiser la haine et la violence.
D'après la littérature psychiatrique, il est vain de tenter de convaincre un paranoïaque. Ça ne fait que le rendre encore plus paranoïaque.
Je me contenterai donc de citer mes extraits préférés de M. Croâ, dont certains ont tout de même été repris par la presse.
Oui, une fois que les stagiaires sont hypnotisés par le mouvement des flots et les allées et venues des dauphins, le capitaine appuie sur un bouton caché derrière sa fausse barbe et les hauts parleurs du navire diffusent les 45 volumes des œuvres complètes de Lénine, en russe.
Le Shtandart dissimule également une boîte de crayons de couleurs pour des reproductions encore plus précises !
(Note destinée aux futurs stagiaires : le tirant d'eau réel du Shtandart est bien de 3m30 comme indiqué sur la page Wikipedia. Prudence donc lorsque vous approchez des idées peu profondes de M. Croâ !)
Qu'on se rassure, M. Croâ possède toute sa raison.
Lorsqu'il semble délirer sur le risque stratégique que le voilier fait courir à la marine Française il ne fait que s'adresser au public qui ne connaît rien au Shtandart, rien aux navires et rien à la navigation, en appliquant la fameuse technique du « plus c'est gros, plus ça passe ».